Née le 5 janvier 1981, à Dijon.
Vit et travaille en France.
elodyregnier@gmail.com

TIR NA NOG, 2010


    Il y a des maladies toujours pas inventoriées aujourd’hui, et les médias à l’unisson n’ont d’yeux que pour le machin N 1 et les travers d’un gouvernement qui tente encore de vendre ses doses au-delà de nos antipodes ; je vous signale qu’on est quand même en février 2010.
Il y a des maladies qu’on ne peut soigner parce-qu’elles se cachent dans la tête, elles se cachent habilement à tel point que l’on ne sait pas s’il s’agit vraiment d’une maladie ou de normalité excessive, un cas bénin tellement particulier.
    De cette pathologie on décèle de rares cas invisibles à l’œil nu dissimulés dans le travers des sujets, et puis celle visible à vu mais qui se dérobe à tout diagnostique quand on croit enfin la tenir. Elle, ce qu’on nommerait une maladie, se loge dans les mots et les images, lesquels s’irritent d’adjuvant tel que le vrac, ou le cocalight.
Il se peut que consommée, la patiente se trouve plus et un peu moins grandie que ceux qu’elle disait plus haut, et que de notre part l’on susurre tout bas. Il s’agit bien d’une litote tête à tête quand elle se vêtit d’une armure qui ne serait rien d’autre que ce qu’elle ne coiffe, elle n’a pas d’idéal, elle s’en pare-feux.
Nous y voilà, il faudrait y déceler juste un symptôme, dans le cas précis, le sujet Régnier mesure 1 m 63, pour 5549 tonnes, fume, de sexe féminin, elle a une certaine aversion pour l’alcool, et a un quelque chose de schizophrénique avec un penchant paranoïaque très prononcé, amoureuse tout le temps, elle ne s’en soigne pas, tant mieux et dans le cas présent il nécessite de la part de ses proches une grande patience afin de ne pas péter un plomb et de ne commettre l’irréparable.
Il faut beaucoup de stratagèmes pour déceler un symptôme, et beaucoup de volonté pour arriver à entre-voir les troubles portés par cette maladie, il faudrait lui tirer les vers du nez. Ce que l’on nomme la « déguinglomanie » est une maladie rare, extrêmement rare, un seul cas repéré aujourd'hui.
    Mais lui tirer le portrait de cette façon irrévérencieuse, je préfère déjà dans le cas sus nommé, vous présenter Elodie Régnier sous d’autres formes et hospices, un bout de femme agitée qui sans talent n’affaire qu'aux jeux du cirque, de la séduction, elle éconduit, trompe son spectateur, elle convulsion ses doutes, elle est pleine paresse à toutes les heures, elle n’est ni plus ni moins qu’un bout agité sur les cartes qu'elle brosse pour nos avenirs en faillite.
Elle se targue d’être cartomancienne, un peu romainmichel, d’habiter sur les rives du plus grand océan qu’elle dit méditerranée, elle te tire le marre de café de nos nationales 20, elle fait peur, elle nous doute, pour ma part je les lui donne.
Elle te dit…
-T’inquiète pas, t’es pas moulu mon Fred, tu me dois 100 euros !
Elodie Régnier est une énigme, elle est plusieurs dans sa tête, pour ma part je préfère rester tout seul, aucune envie de cohabiter.
A mon réveil, quand j’avais squatté chez elle, un matin, elle me posa sur mes ouïes un oreiller couleur jazz, posé de la plus belle manière, ce n’est pas une dame, c’est une mère ! J’étais alors un bois dormant, un roi couché d’amants sans noyaux, elle te prépare ton petit déjeuner sans savoir que t’y mets déjà la main te sabordant sans commencer quoi que ce soit.
Vraiment elle parle trop, car tous les matins du monde ne seraient plus ce que l’on ne croit, elle te fait déjà soleil quand on n'est qu'au crépuscule d'un soir… Maudite !
De vivre aux abords de Marseille, elle n’envisage rien hormis d’aller chercher son poisson sur les bords de la Cannebière, elle se croit seule. Nullement. Elle se croit artiste, tant mieux, elle shoot la vie des siens, des autres, elle autoportrait, elle le fait bien.
    Mais alors, qui est-elle ?
On dit bien j’arrive à telle heure locale, Elodie Régnier n’est pas locale, elle n’atterrit pas, car toujours sur les routes d’une certaine météo, la sienne, d’ailleurs. C’est une femme qui n’est jamais en avance, elle traine d’un pied celui qu’on voudrait qu’il soit l’autre.
Oui, en retard ou en avance elle tire le rideau rouge d’une fin de nos présentations, aussitôt né ; aussitôt fini.
Douée d’un talent de la langue, elle la claquette comme une comparsita déjouée de ses pieds, elle ne joue pas son rôle, elle grince des dents, les bruits de ses talons opérandi Fred austère.
Elle n’en n' est pas si drôle, elle est ce qu’elle est, ce qu’elle peut ou devient, même plus, faire avec si peu ; mais sans effort.
Ce qu’elle voudrait semble naturel, instinctif, la voilà se poser comme artiste avec ses mains dans ses poches trouées, qui de fait ; quand souffle l’écho de ces actes sibyllins récite un poème mordorimbault.
J’en finirai ainsi, car avec Elodie Régnier, rien de rien ne se termine comme ça. Que l’on puisse parler d’elle alors qu’elle jacte à tout va pour ne rien dire, qu’elle crie pour entendre l’écho de sa démesure, elle s’accapare forcément les affaires des uns et des autres pour en faire les siennes, elle shoote des fenêtres car elle s’emmerde.
Elle documente de sa vie de gens de cirque, fait d’une pige ce qu’elle voit ou documente des saisies de huissiers, elle capte noir et blanc, et cette femme, Elodie Régnier n’a rien à dire sinon de donner à voir ce qu’elle n’est, ne voit pas. Pardon le sens ; elle n’y est pas, mais capte ce qui fleure à peau, ses oripeaux, de comment on sauve sa peau quand on est liseuse de tarot et toujours être au bon endroit. N’en déplaise aux cartes…
Je voudrais en terminer de cette manière !… Elle photographe, sans aucun doute, elle dégraffe ; (extérieur nuit, des fenêtres mobiles quand elle s’écrase le nez dessus, intérieur jour quand défile la nature des hommes sur le trottoir de nos déchets.) Elle se joue d’être une voleuse de poule comme dit le renard, voleuse elle l’est, à seule fin de dépenser.
    Juste un dernier mot; elle me sort un matin lors d’une conversation qu’elle tient toujours d’elle à elle, un mot qu’elle entend susurer…
Donc elle me dit ;
- Tu sais mes nuits sont des jours en panne…
- « Waouh ! », ça t’arrive souvent d’avoir un poème en panne de phrase...
- Un poème ça n’a pas de verbe !
- Faudrait arrêter de les prendre pour des couchers de soleil !
- Ca suffit!
- Excuse !
- T’es au crépuscule de tes soirs, et je vais te faire voir comment on y lèvre la lune.
- Je n’ai pas d’endroits, moi, pour garer mes fesses, seulement des jours le jour!
- T'as quand même une voiture qui marche sur quatre roues et puis t’as un texte à finir, un portrait biométrique de ma pomme… et si c'est bien je te ferai E.T
- J’attends de vous voir en tant que telle, Melle Régnier, sous vos bons hospices et un tant soi peu généreuse.
De là où j'en suis, je vous fais part d’un fragment de conversation téléphonique inachevée que j’ai eu avec cette patiente.
Extrait du rapport; Elodie Régnier; sujet numéro 01 déroba une petite phrase que lui lâcha une gamine de 6 ans,lors d’un atelier de peinture. Celle-ci me dit ; « Mes nuits sont des jours en panne. »
La jeune fille remplissait que des pages blanches à la craie blanche. Elodie lui proposa des feuilles noires.
Alors la fillette remplit de blanc le noir des feuilles volantes.. C’est ainsi que commença un petit feuilleton entre elle et moi. Cette histoire s’appelle «  Monsieur Le doute », comme serait le rouge au cinéma, comme Régnier se pose en duc sur un rocher face à la mer Méditerranée.
Elodie Régnier est une artiste.
Elle laisse la marque de ses pas naïvement. Elle laisse suffisamment d’indices pour qu’on la reconnaisse et parler d’elle.
La fillette après avoir rempli ces feuilles noires de blanc, s' endormit.

    Elle? Elodie, l, A, E dans l’O, laisse trop d’indicielle et il faudrait être flicocritique pour dresser un procès verbal d'une maladie sans non.
Je ne peux rien écrire sur la dérobade, rien ne s’écrit sur une maladie qui n’existe pas hormis la mienne…Elle mène quand bien même sa roulotte au gré de ses rencontres, elle est, elle est un maillon fêlé, le maillon de nos décommentaires. SVP.

Frédéric Lecomte 
2010